17-18 novembre 2023 : colloque Le grand Rift Africain : à la confluence des temps

Du 17 au 18 novembre 2023

Le grand Rift Africain

CNRS & Collège de France, Paris

Les grandes questions qui déterminent le futur de l’humanité (environnement, relations nature-humanité, énergie, modèles sociétaux et économiques, éducation, santé, sécurité) se posent en Afrique de manière plus aigüe que partout ailleurs. En particulier, les travaux scientifiques réalisés dans la région du Grand Rift (partie orientale du continent), fournissent un éclairage à ces questions à travers le temps, l’espace, les milieux et les sociétés. Ils feront l’objet du colloque « Le Grand Rift africain – à la confluence des temps », qui se tiendra au Collège de France à Paris les 17 et 18 novembre 2023. Le CNRS, le Collège de France et le groupe de recherche « Rift » ont le plaisir d’inviter toutes et tous à ces deux journées dédiées au Grand Rift africain.

Ce colloque est le fruit d’une mobilisation du CNRS et du Collège de France pour aborder cet objet d’étude unique qu’est le Grand Rift africain à la croisée de toutes les disciplines scientifiques. Car s’il s’agit d’abord de l’amorce d’un océan qui, un jour peut-être, fera de la Corne de l’Afrique une île de l’Océan Indien, le Grand Rift n’est pas uniquement d’un ensemble de vallées d’effondrement et de hauts-plateaux. En effet, ce territoire exceptionnel concentre à l’extrême les enjeux de l’avenir du monde. Il est à la fois un modèle d’étude des effets du changement climatique sur les milieux intertropicaux (de l’océan à la haute montagne, du désert à la forêt) ; l’hôte d’une biodiversité emblématique marquée par les dynamiques de sa composante humaine depuis des millions d’années ; un espace politique où cohabitent régimes autoritaires, démocraties, états en faillite et sociétés sans systèmes étatiques ; une région marquée à la fois par des crises récurrentes et des croissances économiques rapides.

L’objectif de ce colloque est d’imaginer le futur interdisciplinaire de la recherche portant sur les phénomènes propres au Grand Rift, illustrant la diversité des réponses possibles de l’humanité à la crise environnementale mondiale combinée en Afrique à une expansion démographique explosive. Il s’appuie pour cela sur le groupe de recherche Grand Rift Africain du CNRS, associant plus de 40 laboratoires spécialistes de l’écorce terrestre, des environnements, de la biodiversité, des cultures et des sociétés du Grand Rift – et de leurs évolutions passées et présentes.

Ce colloque accompagne la sortie de l’ouvrage Le Grand Rift africain. A la confluence des temps (CNRS/éditions du Cherche-Midi), un beau-livre richement illustré sur la recherche interdisciplinaire menée dans cette région et sur ses découvertes récentes. Retransmis sur le web, il comprendra une quinzaine de conférences de scientifiques au cœur des recherches actuelles, des sessions posters et une table-ronde sur les enjeux de la transdisciplinarité et de la recherche de demain, en favorisant les échanges avec le public. L’accès à cet événement est gratuit, dans la mesure des places disponibles.

Quelques exemples de thèmes abordés

  • Comment repense-t-on l’évolution humaine à l’aune des nouvelles données du Rift et des méthodes d’analyse modernes ?
  • De quelle manière les nouvelles approches de terrain modifient notre perception des socio-écosystèmes du Rift, du passé au présent ?
  • Comment la géophysique se combine avec l’anthropologie pour anticiper les risques environnementaux et comprendre les interactions humains-environnements ?
  • Comment les humains gèrent leurs ressources dans une région soumise depuis longtemps à de fortes contraintes environnementales ?
  • Que nous dit l’étude des politiques de conservation de la biodiversité sur les ravages d’une opposition artificielle entre nature et culture ?

Lieu

Amphithéâtre Marguerite de Navarre. Collège de France. 11 Place Marcellin Berthelot, 75005 Paris.

Programme

Entrée libre selon les places disponibles.

Colloque coordonné par Sandrine Prat (CNRS, HNHP), Christel Tiberi (CNRS, Géosciences Montpellier) et Jean-Renaud Boisserie (CNRS, Centre français des études éthiopiennes & PALEVOPRIM), avec l’appui du Professeur François-Xavier Fauvelle (Collège de France), du Professeur honoraire Philippe Descola (Collège de France) et du Professeur Yves Coppens (Collège de France). Cet événement est dédié à la mémoire de ce dernier.

Vendredi 17 novembre 2023

09h00. Accueil

09h30-10h00. Inauguration et présentation

  • Collège de France, Arnaud Roffignon, Directeur général des services : mot de bienvenue
  • CNRS, représentants de l’Institut écologie & environnement (Agathe Euzen, directrice de l’institut adjointe), l’Institut des sciences humaines & sociales (Stéphane Bourdin, Directeur adjoint scientifique Hommes et milieux : évolution, interactions et Mondes anciens et médiévaux), l’Institut Terre & Univers (Stéphane Guillot, Directeur adjoint scientifique Terre solide) et de la Mission pour les Initiatives Transverses et Interdisciplinaires (Martina Knoop, directrice).
  • Organisateurs, Jean-Renaud Boisserie, Sandrine Prat et Christel Tiberi : présentation du colloque et de l’ouvrage «Le Grand Rift, à la confluence des temps».

10h00-10h30. Introduction scientifique

Introduction scientifique, par François-Xavier Fauvelle (Collège de France).

10h30-13h00. Session de présentations

  • Une aventure scientifique à travers les temps

Auteurs : Christel Tiberi (CNRS), Stéphanie Gautier-Raux (Université de Monptellier), Tony Rey (Université Paul-Valéry-Montpellier 3)

Résumé : Mener des recherches au sein du Rift signifie observer et travailler à différentes échelles de temps et d’espace : de la seconde aux millions d’années, du nanomètre à la centaine de kilomètres. Cela signifie aussi s’adapter à une topographie contrastée (de -155 m à 6000 m), à des cultures et des sociétés en pleine évolution, prévoir l’impondérable mais accepter les imprévus. La recherche dans le rift c’est prendre le temps d’échanger, de collaborer avec les autres et bénéficier de la complémentarité des approches scientifiques, des cultures afin d’approcher et comprendre ce territoire aux multiples facettes.

  • La spirale des temps

Auteurs : Cédric Gaucherel (INRAE), Olivier Dauteuil (CNRS), Marc Jolivet (CNRS)

Résumé : Les temps des processus est multiple. Les processus qu’étudient les scientifiques, ces mécanismes responsables d’un changement tangible, se déroulent selon des temps variés, à des échelles souvent très différentes et selon des dynamiques contrastées. Peut-on malgré cette diversité dégager des constantes qui aideraient à comprendre les fonctionnements physico-chimiques, bio-écologiques, et socio-économiques qu’ils sous-tendent ? Déjà les grecs avaient mentionné les différences entre les processus suivant un temps linéaire, cyclique ou évènementiel. Il est aisé de les illustrer dans le Rift africain, qu’il s’agisse des forces géologiques, de l’évolution du vivant ou de l’arrivée des humains. Peut-être pourrait-on unifier ces différentes représentations de processus temporels sous la forme d’une spirale, elle qui a l’avantage de combiner les trois types de temps précités. Dans ce but, nous montrerons notamment à l’aide d’un modèle formel d’un nouveau genre (dit possibiliste) qu’il est possible de capturer cette spirale temporelle pour les dynamiques du Rift.

  • 11h30-12h00. Pause
  • Turkana : un atelier pour étudier les sociaux-écosystèmes

Auteurs : Sandrine Prat (CNRS), Jean-Renaud Boisserie (CNRS)

Résumé : La dépression du Turkana, à la charnière des portions éthiopiennes et kenyanes du grand Rift est occupée par le lac Turkana qui constitue une zone de basses terres semi-arides soumise à une très forte évaporation. Elle est connue pour ses richesses paléontologiques, notamment en restes humains anciens (plus de la moitié des vestiges du continent africain), servant de référence dans l’étude des relations entre évolution biologique et changements environnementaux. Toutefois, cette région et ses populations essentiellement pastorales ont été longtemps oubliées des politiques de développement. Elles sont depuis peu confrontées à des stratégies d’exploitation des ressources telles que l’eau, les terres et le pétrole. L’angle du patrimoine permet d’élaborer une approche scientifique interdisciplinaire des changements passés et actuels dans cette région, panaché de tensions internationales et locales, de défis environnementaux et d’impératifs conservationnistes.

  • Evolutionnisme et évolution des sociétés : dynamiques des populations pastorales du grand rift est-africain

Auteur : Jean-Baptiste Eczet (EHESS)

Résumé : Les sociétés reposant sur le pastoralisme et ses corollaires, le nomadisme et la transhumance, ne sont pas aisément compréhensibles par des observateurs issus de cultures largement agricoles et hébergées par des formes politiques étatiques, c’est-à-dire par la plupart des chercheurs en sciences sociales de l’hémisphère Nord. Nous verrons ainsi que ces sociétés obligent à revoir nos conceptions des « modes de subsistance » (et la tripartition chasse-cueillette/pastoralisme/agriculture), de rapports aux animaux (au-delà de la dichotomie « conditions matérielles » versus « symbolisme ») et de formes politiques (ou comment absence d’État et démocratie se conjuguent).
Présentation de Jean-Baptiste Eczet en PDF

13h00-14h30. Pause Déjeuner

14h30-17h00. Session de présentations

  • La dynamique profonde du rift et ses conséquences

Auteurs : Raphaël Pik (CNRS), Nicolas Bellahsen (Sorbonne Université), Pierre Sepulchre (CNRS), Laurent Husson (CNRS), Jean-Renaud Boisserie (CNRS), Sandrine Prat (CNRS), Christel Tiberi (CNRS)

Résumé : Le rift Est Africain est enraciné dans une région du globe où les mouvements des plaques lithosphériques et les mouvements verticaux du manteau sous-jacent ont gouverné son évolution depuis des dizaines de millions d’années, en créant les reliefs typiques de « rift valley » et de hauts plateaux, ainsi qu’en produisant les magmas qui s’y sont épanchés en surface. Ce contexte géologique, avec ses spécificités topographiques, volcaniques et hydrologiques, a influencé le climat régional et a contraint le développement des populations biologiques qui l’ont colonisé. Ceci est notamment et probablement le cas pour l’évolution et les migrations des hominines, même si de tels forçages sont encore mal connus.

  • Vivre avec les volcans : risques, opportunités, adaptations

Auteurs : Stéphanie Defossez (Université Paul-Valéry-Montpellier 3), Miangaly Rakoto (Université Paul-Valéry-Montpellier 3)

Résumé : Le volcan Ol Doinyo Lengai situé au nord de la Tanzanie constitue un risque majeur pour les populations environnantes, principalement les communautés massaï au mode de vie traditionnel et pastoral. Mais les relations entre ces communautés et le volcan, et plus globalement leur pratique du territoire, donnent à voir des usages et des perceptions qui ne reposent pas exclusivement sur les dangers du volcan. Le mode de vie semi-nomade, les traditions ancestrales et les savoirs locaux participent aux capacités d’adaptation développées par ces communautés pour vivre avec le volcan.

  • 15h30-16h00. Pause
  • « Sources thermales » et « ressources géothermiques » Quelles socio-techniques pour les sociétés pastorales du Rift kenyan?

Auteurs : Benoit Hazard (CNRS), Yves Géraud (Université de Lorraine), Christine Adongo (EHESS)

Résumé :  Depuis les premières explorations coloniales jusqu’à la définition récente de la géothermie comme source d’énergie renouvelable, le Kenya s’est imposé comme l’un des principaux producteurs d’énergie géothermique. Contribuant à une vision de la croissance, cette énergie bénéficie des mécanismes du marché du carbone, et est souvent présentée comme une solution adaptée à la lutte contre le changement climatique. Pourtant, les paysages manufacturés de la géothermie n’étaient pas des “vides” humains et écologiques au moment de l’expansion coloniale qui forme le contexte historique d’émergence de la géothermie. Cette présentation explore les antagonismes entre le développement national, les discours globaux et la place des sociétés locales dans le développement de la ressource en géothermie dans le rift au Kenya. Elle invite à explorer les échelles, les socio-techniques de l’énergie (« méga-système » versus « Low Tech ») dans une « économie du besoin » plutôt que des ressources.

  • Plongée inédite dans le Delta de l’Okavango

Auteurs : Olivier Dauteuil (CNRS), Marc Jolivet (CNRS), L. Gaudaré (Université de Rennes 1)

Résumé : Le Delta de l’Okavango au nord du Botswana se développe à l’extrémité sud-ouest du Rift est-africain. Cette immense zone humide constitue un écosystème sensible avec une biodiversité remarquable. Tous les ans, une crue de 11 milliards de tonnes d’eau inonde l’ensemble du système, contrôlant le développement de la végétation, la migration de la faune, et le transport de matière. Le fonctionnement actuel du Delta résulte donc d’un équilibre précaire entre le climat, la tectonique, la biosphère et les activités anthropiques. Nos travaux montrent que cette singularité pourrait évoluer rapidement avec un détournement naturel de l’eau vers le fleuve Zambèze mais aussi par le captage de l’eau en amont lié au développement des activités économiques en Angola et en Namibie.

17h00-18h30. Session poster (salles 7 et 8)

  • Vous pouvez consulter la liste des posters en cliquant ici

Samedi 18 Novembre 2023

09h00. Accueil

09h30 -12h00. Session de présentations

  • Exploitation des ressources du rift dans le temps et l’espace

Auteurs : Lamya Khalidi (CNRS), Joséphine Lesur (Muséum national d’histoire naturelle), Virginie Tallio (Instituto Universitário de Lisboa), Jacques Varet (SARL Géo2D), Doris Barboni (CNRS), Cécile Doubre (Université de Strasbourg)

Résumé : [à venir].

  • L’eau au rythme des hommes

Auteurs : Doris Barboni (CNRS), Benoît Hazard (CNRS)

Résumé : Paléontologues et anthropologues travaillent sur des « pas de temps » très différents, ne parlent pas la même langue, et n’étudient pas les mêmes « objets ». De ces écarts est né un chapitre de livre sur l’eau. Dans le Rift Est Africain, l’eau est la ressource clef-de-voute des socio-écosystèmes alternant des hautes terres et des basses terres. Nos observations sur les lieux d’eau du nord de l’Éthiopie jusqu’au nord du Kenya, depuis le passé très lointain (au-delà du million d’années) jusqu’à la période historique et actuelle, suggèrent l’importance de cette ressource. Perles de vie, refuges, cul-de-sac évolutifs, les « lieux d’eau » des zones arides présentent une variété de matériaux qui appellent à des méthodologies interdisciplinaires. Ils ouvrent de nouvelles perspectives à la fois sur les dynamiques socio-écologiques passées d’espaces aujourd’hui désertiques, sur le passé évolutif de nos ancêtres, et plus récemment sur la résilience des sociétés pastorales actuelles. Aujourd’hui nous assistons cependant à un changement de paradigme : les activités humaines ont un impact sans précédent sur l’eau.

  • 10h30-11h00. Pause
  • Dispersions/isolement face aux réseaux hydrographiques et reliefs

Auteurs : Isabelle Crevecœur (CNRS), Sandrine Prat (CNRS), Jean-Renaud Boisserie (CNRS), Carlo Mologni (University of Cambridge), Mathieu Schuster (CNRS), Jessie Cauliez (CNRS)

Résumé : L’évolution humaine dans le Rift s’est construite à l’interface d’une diversité environnementale locale, liée à la multiplication de bassins hydrographiques plus ou moins connectés, et de grands changements climatiques planétaires. Ces transformations des milieux de vie au gré des alternances de périodes arides et humides ont parfois constitué de véritables barrières environnementales ou des zones de refuges pour les faunes et les groupes humains. À travers quelques exemples clés de l’histoire évolutive humaine, nous discuterons de la complexité des réponses aux changements environnementaux, des dynamiques de dispersion ainsi que de l’extraordinaire capacité d’adaptation des populations humaines. Nous montrerons entre-autre que les choix entraînant certaines mobilités sont multifactoriels, souvent difficiles à identifier dans le registre fossile, et pas nécessairement en lien avec un déterminisme climatique.

  • Impacts environnementaux sur les sociétés historiques sur les hauts-plateaux éthiopiens

Auteurs : Marie-Laure Derat (CNRS), Jean-Renaud Boisserie (CNRS), Pierre Sepulchre (CNRS), Doris Barboni (CNRS)

Résumé : Comprendre les effets des dérèglements climatiques et des transformations de l’environnement sur les sociétés est un défi qui concerne les scientifiques aujourd’hui et qui intéresse aussi celles et ceux qui travaillent sur le passé. Les exemples sont nombreux de civilisations dont on explique l’effondrement par des changements drastiques du climat. Le déclin de la civilisation aksumite au 7e siècle de notre ère est l’un des cas qui, dans le rift est-africain, concentre l’attention des archéologues, paléoclimatologues ou paléobotanistes. Mais à ce jour, les corrélations entre transformations environnementales et déclin d’Aksum ne sont pas probantes. Comment, à l’avenir, tenter de trouver des réponses pour expliquer le déclin d’Aksum ou mettre en évidence des changements environnementaux ? Quels marqueurs, quelles méthodes pourraient affiner notre connaissance du milieu naturel du premier millénaire sur les hauts plateaux éthiopiens ? Et par quels moyens appréhender de manière plus fine la relation des sociétés aksumites à leur environnement ?

  • Du geste technique à l’expression culturelle, des matières premières à l’écologie : les savoirs et savoirs-faire potiers du Rift éthiopien, des modèles de référence

Auteurs : Jessie Cauliez (CNRS), Claire Manen (CNRS), Anne-Lise Goujon (Ministère de l’Europe et des affaires étrangères)

Résumé : À la faveur des recherches ethnographiques en contexte de production traditionnel, on sait que tout acte technique conduisant à la réalisation d’un objet se fonde sur des connaissances acquises au sein d’une niche sociale structurée par les héritages, les normes, les interdits, les échanges. Décrypter les actions sur la matière (gestes techniques), c’est avoir accès à l’expression culturelle d’une société. La communication présentée ici questionne les sources actualistes inhérentes à plusieurs communautés de potières d’Éthiopie, pays où la diversité des traditions techniques est exceptionnelle. Il s’agit d’évoquer comment ces sources permettent : 1) de restituer à partir de l’étude des traditions potières actuelles et de l’analyse de la profondeur historique de ces premiers savoir-faire, des dynamiques de peuplement passées ; 2) d’apporter des réponses aux problèmes d’interprétations techno-économiques et socio-culturels des ensembles archéologiques ; 3) de décupler l’efficacité des protocoles analytiques des vestiges céramiques archéologiques néolithiques d’Afrique et d’Europe ; 4) de proposer les moyens de valoriser cet artisanat traditionnel et de susciter des projets de patrimonialisation, en s’intéressant à leur intégration dans les dynamiques modernes.

12h30-14h00. Pause Déjeuner

14h00- 15h30. Session de présentations

  • Relations humanité-“nature” : l’angle du patrimoine

Auteurs : Jean-Renaud Boisserie (CNRS), Guillaume Blanc (Université de Rennes), Jean-Baptiste Eczet (EHESS)

Résumé : Lorsqu’ils sont décrits par les cultures occidentales, les espaces du patrimoine africain font l’objet de clichés tenaces. En Afrique orientale peut-être plus qu’ailleurs, la réalité des relations entre humains et “nature” est ainsi masquée par des idées préconçues qui semblent imperméables au temps qui passe et aux avancées de la recherche. Le Rift est ainsi désigné comme l’origine géographique de l’humanité, abritant des populations aux modes de vie « primitifs » et dont les « traditions » attesteraient, selon les uns, d’une communion ancestrale avec leur environnement, et selon les autres, d’une propension catastrophique à dégrader un environnement originel, à sauvegarder coûte que coûte. Les sciences “naturalistes” et les sciences humaines et sociales permettent de questionner ces concepts et les usages qui en découlent, c’est-à-dire les “bonnes” manières de gouverner la nature et les humains. Il est aujourd’hui crucial de prendre du recul vis-à-vis des notions de « nature » et de « patrimoine », et d’enfin combiner les outils des sciences de la vie et de la société pour décrire les interactions réelles entre des groupes humains et leurs milieux. Une description plus réaliste de ces interactions aura des conséquences pratiques pour leur gestion.

  • Le patrimoine dans le Rift, une fabrique politique ? Le cas de l’Éthiopie

Auteurs : Marie Bridonneau (CNRS), Jessie Cauliez (CNRS), Marie-Laure Derat (CNRS), Raphaël Pik (CNRS), Jean-Renaud Boisserie (CNRS)

Résumé : Patrimonialiser un bien c’est d’abord l’identifier, le sélectionner, puis le conserver et le valoriser. Si les premières étapes peuvent émaner d’acteurs associatifs ou scientifiques, la conservation et la valorisation relèvent d’une autorité souveraine, bien souvent l’État. Au-delà, l’Unesco est garante d’un label dont les contours n’ont cessé de s’étendre depuis sa création en 1972, favorisant ainsi la représentation croissante des États du Rift sur la Liste du Patrimoine mondial. Parmi les sites labellisés en 2023, deux sont éthiopiens : l’un en tant que patrimoine naturel (les Monts du Balé), l’autre en tant que paysage culturel (Gedeo). L’Unesco offre ici une arène et une scène à un État en crise, en conflit ces dernières années avec plusieurs des entités régionales et/ou ethnolinguistiques qui le composent. Plus que jamais, la fabrique du Patrimoine Mondial est en Éthiopie affaire de politique intérieure…

  • Conserver et valoriser les collections archéologiques et paléontologiques dans le rift : expériences de collaborations scientifiques

Auteurs : Clément Ménard (Centre européen de recherches préhistoriques de Tautavel), Anne-Lise Goujon (Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères), Antoine Souron (Université de Bordeaux), Jessie Cauliez (CNRS), Jean-Renaud Boisserie (CNRS)

Résumé : Les collections archéologiques et paléontologiques sont généralement constituées par des scientifiques pour les étudier et faire avancer l’état des connaissances. Une fois constituées, la gestion et la valorisation de ces collections répondent à différents impératifs (permettre ces études, conserver pour les générations futures, générer une activité touristique) et font intervenir un grand nombre d’acteurs individuels et institutionnels. En nous basant sur des expériences des coopérations scientifiques menées dans des pays du Rift (Djibouti, Éthiopie), nous présenterons l’intérêt et les limites de tels dispositifs et nous essaierons de proposer des solutions pour améliorer leurs conditions de mise en œuvre.

  • 15h30-16h00. Pause

16h00-17h30. Table Ronde : le futur de la recherche dans le Rift (et plus largement en Afrique)

Avec la participation de : Raymonde Bonnefille, Guillaume Blanc, Marie Bridonneau, Jessie Cauliez, Marie-Laure Derat, Raphaël Pik, Pierre Sepulchre, Virginie Tallio.

17h30. Conclusion

GDR RIFT

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