ROBION-BRUNNER Caroline – INEE UMR 3137 – CFEE-USR – Univ. Toulouse –

Caroline
ROBION-BRUNNER

Chargée de Recherche CNRS

INEE, UMR 3137 CFEE-USR,
Université de Toulouse

caroline.robion[at]univ-tlse2.fr

Page personnelle

Depuis mes recherches doctorales, j’interroge la production des métaux avec comme ambition d’approcher l’organisation des sociétés anciennes à travers leur capacité à transformer les ressources naturelles qui les environne. Les années passant – dix au CNRS –, mes recherches ont changé significativement d’échelle et ont ainsi pris de l’ampleur. Certes, je continue à étudier des ateliers et des districts métallurgiques mais en ayant comme objectif de reconstituer leur place dans un dispositif plus large et connecté, celui de l’économie des métaux. Le maillage que constitue l’ensemble de la chaîne opératoire de la métallurgie – acquisition des matières premières => production du métal brut => fabrication des objets => commercialisation du métal ou des objets => utilisation des objets => recyclage ou non des objets => dépôt volontaire ou non des objets – offre une occasion unique d’aborder la complexité des sociétés, leurs interrelations et leur rapport avec le territoire. C’est la vision de ceux qui exploitent les ressources naturelles, qui produisent et qui consomment, qui est révélée. Elle peut alors être confrontée à ceux qui contrôlent, qui gèrent et qui organisent.

L’articulation entre les données archéologiques, archéométriques et historiques peut ainsi permettre de saisir le rôle des métaux dans les constructions politiques et sociales du Ier millénaire avant notre ère à nos jours. Cette intention est au cœur de mes recherches actuelles. Je propose une nouvelle manière de concevoir l’histoire de l’Afrique. L’attention n’est pas portée aux élites, mais aux producteurs, aux artisans, très spécialisés sans doute, mais représentant une autre société. Derrière la scorie et les fourneaux, je vise à mettre en lumière les hommes et les gestes et à les replacer dans l’histoire. Pour mener à bien ce projet très ambitieux, j’ai souhaité changer d’horizon et embrasser de nouveaux terrains (jusque là localisés en Afrique de l’Ouest) permettant d’établir des comparaisons sur les mécanismes de mises en place et de transmission des savoirs métallurgiques. Mon affectation au Centre français des études éthiopiennes (CFEE) me permet de décaler mon regard vers l’est et d’étudier d’autres procédés techniques et d’autres processus culturels, politiques et économiques. En Éthiopie, les sources écrites attestent la production d’or et du fer, et des objets métalliques sont régulièrement mis au jour lors de fouilles archéologiques.

Toutefois, les études archéométallurgiques font défaut et les anciennes techniques ou l’identité des artisans responsables de leur production restent pour l’instant inconnues. Mon investissement en Éthiopie m’offre une occasion unique de poursuivre et d’élargir ma réflexion diachronique sur la question de la fabrication et de l’usage des métaux. Un terrain long sur cet espace encore vierge sur le plan archéométallurgique, tel que l’offre une mobilité auprès du CFEE, ainsi que du réseau Rift, me permet d’analyser le mobilier métallique conservé dans les musées pour constituer un référentiel, de mener des prospections en collaboration avec des géologues métallogénistes pour découvrir les gisements anciennement exploités et de découvrir des ateliers sidérurgiques à investiguer pour définir les techniques mises en place. Tout en continuant à diriger le programme AFRICA dont les terrains se déploient au Bénin et au Togo, je m’inscris dans des programmes déjà développés par des chercheurs notamment français en Éthiopie dans lesquels j’apporte mon expertise.

Les pistes proposées dans mon projet de recherche étant diverses et ambitieuses, il est impératif de former et d’encadrer de jeunes chercheurs. La mobilité au CFEE est l’occasion d’initier une formation en paléométallurgie auprès des étudiants et collègues éthiopiens. En étroite collaboration avec les universités éthiopiennes, je dispense des cours et organise des séminaires sur les savoirs techniques (céramique, lithique, métallurgie) en faisant dialoguer les disciplines (archéologie, histoire, ethnologie et archéométrie). L’objectif in fine est de convaincre les collègues africanistes de la nécessité d’étudier les vestiges paléométallurgiques non pas uniquement dans un objectif de technologue mais pour compléter notre reconstitution de l’histoire du continent africain.

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